Nécropole de la Maison-Blanche - Pardines (Puy-de-Dôme)

Le site de la nécropole à inhumations de La Maison Blanche, localisé sur la commune de Pardines (Puy-de-Dôme), a été découvert fortuitement en 1928. Des fouilles régulières se déroulent dès lors jusqu’en 1935 (Fournier, Desforges 1931-1945). La conservation du mobilier dans son intégralité, ainsi que la tenue minutieuse de carnets de fouille, permet aujourd’hui une reprise compète de cette documentation. Plus de 200 sépultures ont été mises au jour. Les modes d’inhumation ainsi que le mobilier associé indiquent une forte utilisation de la nécropole entre la fin du IIIe et le Ve siècle, l’occupation se poursuivant au moins jusqu’aux VIe-VIIe siècles (présence de sarcophages trapézoïdaux).

Mobilier issu de la sépulture 153 (Cliché : S. Chabert)

Coupelle en verre (Cliché : S. Chabert)

Boucle de ceinture delphiniforme ; Ferret en forme d’amphore, alliage cuivreux (Clichés : S. Chabert)

L’excellent état de conservation offre l’opportunité rare d’appréhender un site funéraire de la fin de l’Antiquité et d’étudier dans le détail ce qui constitue la plus importante nécropole de cette période en Auvergne.

Pratiques funéraires

Les croquis et les descriptions détaillées effectués au cours des fouilles rendent compte de la diversité typologique des tombes : fosses à coffre de dalles de calcaire, tombes installées sur lit de tegulae, sarcophages, coffres en bois d’après la présence récurrente de clous.

Les informations contenues dans les carnets de fouille permettent de restituer les assemblages de mobilier au sein des sépultures. L’étude céramologique a montré la présence de vases neufs, de vases de « seconds choix » (ratés de fabrication) ou de seconde vie (utilisation culinaire antérieure). L’association de vases à solides et de vases à liquides au sein d’une même sépulture renvoie à la symbolique du repas funéraire. Les études en cours montrent ici une surreprésentation des vases à solides face aux vases à liquides. Enfin, plusieurs récipients présentent des traces de mutilations volontaires : cassures en V visibles sur les bords, perforations simples ou multiples au niveau des panses, récipients brisés dans la tombe.

Coupe carénée décorée à la roulette et ayant perdu son engobe noir (Cliché : S. Chabert)

Cliché : S. Chabert

Dimension sociale et économique

La population représentée ici peut être partiellement renseignée par la nature du mobilier retrouvé dans la tombe mais également par l’étude des individus inhumés. L’approche anthropologique doit notamment permettre de mieux définir la population locale et de comprendre les modalités du recrutement funéraire au sein de la nécropole.

Études en cours

Céramiques et petit mobilier

Publiées en 1931 et 1945 par P.-F. Fournier et E. Desforges, les céramiques retrouvées à la Maison Blanche sont en particulier connues pour une production caractérisée par une surface grise à noire lissée, fréquemment décorée de motifs ondés estampés ou effectués à la molette. Outre à des céramiques communes claires et sombres, elle est associée à des céramiques à engobe ocre brossé, à engobe doré au mica ainsi qu’à des céramiques peintes. Les nombreuses formes complètes conservées ici constituent une occasion unique d’affiner la connaissance des vaisseliers et des productions tardo-antiques arvernes, encore largement méconnue. Les différences de fonction et d’association des récipients observables entre le mobilier funéraire et celui issu de contextes domestiques pourront ainsi être mises en évidence.

Anthropologie

Bien que la plupart des vestiges anthropologiques ait été réenterrée au fur et à mesure de leur découverte, une vingtaine de squelettes a été conservée et va faire l’objet d’une étude anthropologique. Un premier examen indique d’ores et déjà que les deux sexes et tous les âges sont représentés et a montré la présence de particularités pathologiques et morphologiques.

La campagne de sondages de 2018

Des sondages ont été réalisés en 2018 sur le site de la nécropole de Maison Blanche, commune de Pardines (Puy-de-Dôme), site découvert à la fin des années 1920 et ayant livré plus de 220 tombes à inhumation de la fin de l’Antiquité. Cette première phase exploratoire intervient à la suite de la reprise de la collection ancienne (mobilier et documentation de fouille) et d’une campagne de prospections géophysiques réalisée en 2015. Elle a permis de confirmer la préservation de squelettes encore en place et de circonscrire l’emprise de la nécropole sur ses bordures méridionale et occidentale. La fiabilité d’un certain nombre d’informations relevés lors des fouilles anciennes a également pu être constatée, principalement celles relatives à l’orientation des sépultures et aux profondeurs d’enfouissement des squelettes.

Vingt-et-une inhumations ont été mises au jour, en majorité orientées nord-ouest/sud-est. Sept d’entre elles ont été fouillées. Elles montrent la présence de coffrage en bois, d’aménagements de galets issus du substrat sur le pourtour et à l’intérieur des fosses. Une sépulture se distingue par sa construction à l’aide de grandes dalles carrées en terre cuite placées en bâtière. Un dépôt funéraire composé de vaisselle en céramique et en verre du IVe s. était présent dans trois sépultures. Une autre contenait de la parure en verre et en bronze, une dernière a révélé la présence de clous de chaussure. Les individus étaient enterrés allongés sur le dos, les bras présentant une flexion asymétrique, les mains placées sur l’abdomen ou au niveau du thorax. Malgré un état de conservation très variable des squelettes, l’étude biologique de l’analyse anthropologique a permis de déterminer quatre sujets adultes, dont un de sexe masculin, et un autre dont l’âge est compris entre 15 et 19 ans. La datation du mobilier et les résultats des analyses par le radiocarbone indiquent que des tombes ont été aménagées au IVe s., d’autres plus tardivement entre le deuxième quart du Ve s. et la première moitié du VIe s. Celles-ci sont généralement dénuées de dépôt de mobilier en dehors de quelques accessoires vestimentaires ou d’éléments de parure.

Sépulture en bâtière (cliché S. Chabert, 2018)

Dépôt funéraire : vases à liquides et vase à solide (cliché S. Chabert, 2018)

Les observations qui ont pu être faites lors de cette première campagne de sondages sont très encourageantes pour la compréhension de l’organisation de la nécropole, de l’architecture des tombes et des modes d’inhumation. La poursuite de l’exploration de ce site permettra l’acquisition d’un corpus suffisamment conséquent pour répondre aux questions laissées en suspens par la documentation ancienne.

Ces données restent en grande partie inédites pour la région et font de Maison Blanche un site de référence pour la période de la fin de l’Antiquité, tant par le nombre de sépultures que par la quantité de mobilier associé.

Sépulture en bâtière (Illustration : C. Chabert)