La Couronne - Campagne de 2022 et rapport de fin de triennale 2023

Le programme pluriannuel conduit entre 2020 et 2023 sur le site de La Couronne a porté sur deux zones distinctes : la première, d’une superficie de 720 m², a permis d’étudier les vestiges situés à la racine de l’éperon, où se développaient les bâtiments résidentiels de l’établissement tardo-antique, puis, lors de phases ultérieures, un imposant bâtiment carolingien auquel succéda une motte castrale ; la seconde, d’une superficie de 520 m², en partie centrale du site, où l’essentiel des vestiges correspond à des trous de poteaux relevant des phases carolingienne et post-carolingienne, mais où toutefois des vestiges de l’Antiquité tardive ont été découverts.

Ce nouveau programme a ainsi permis de faire avancer de manière assez significative la connaissance des différentes étapes d’occupation du site de La Couronne, avec pour principaux apports :

1) la chronologie du site fortifié, qu’il est possible de cibler entre les premières décennies du Ve siècle et le XIe siècle, avec un rythme d’occupation aujourd’hui mieux cerné.

Fig. 1 – Plan de masse des vestiges du site de La Couronne

DAO : D. Martinez, 2023

2) des avancées importantes sur l’établissement fortifié des Ve-VIe siècles, dont le plan a pu être largement complété au cours de ce programme. Il est certain à présent que la partie orientale du site a abrité une vaste résidence élitaire, probablement dotée de pièces dédiées à l’accueil des voyageurs. La présence d’un dispositif élaboré de chauffage à canaux rayonnants n’est pas anodine, d’autant plus si l’on considère les contextes de découvertes analogues pour la période (villae palatiales de l’Antiquité tardive en Aquitaine et Narbonnaise, domus épiscopale dans les métropoles, etc.).

On peut ainsi s’interroger à juste titre sur la fonction du site et sur son statut : un statut probablement public, du moins pour le début du Ve siècle, avec une résidence peut-être destinée à accueillir de hauts fonctionnaires de l’État romain (un praetorium routier ?) ; par la suite un domaine privé, au plus tard à partir du début du VIe siècle, relevant d’une élite romaine puis mérovingienne.

Fig. 2 – Vue oblique du site depuis l’ouest ; au premier plan les vestiges de l’église et des bâ-timents occidentaux remblayés

Cliché : A. Chen, 2021

3) des avancées notables sur les deux phases les plus tardives (IXe siècle et Xe-XIe siècle), qui s’avèrent marquées par des transformations beaucoup plus importantes que ce que ne laissaient entrevoir les observations réalisées lors des fouilles réalisées jusqu’à présent. On assiste en effet à une transformation du dispositif de fortification de la racine de l’éperon avec la construction d’un vaste bâtiment maçonné. Celui-ci est fondé pour partie sur les ruines de certains édifices pré-existants et, à l’arrière, au centre du site, se développent de premiers bâtiments sur poteaux.

Cette configuration est reprise à la fin du Xe ou au début du XIe siècle dans le cadre de la mise en place de la motte, également à la racine de l’éperon, avec à l’arrière plusieurs édifices sur poteaux relevant de la basse-cour du petit château. L’établissement appartient encore à un pouvoir local à partir de la période carolingienne, mais, à première vue, ses propriétaires n’y résident plus, du moins plus selon les mêmes modalités qu’au cours des périodes antérieures.

Fig. 3 – Vue générale du secteur 9 depuis le nord-est

Cliché : A. Chen, 2022

Fig. 4 – Vue aérienne du secteur 8

Cliché : A. Chen, 2022

Par : Damien Martinez