La Couronne - Campagne de 2021

La campagne de fouille réalisée durant l’été 2021 correspond à la deuxième année du programme triennal 2020-2022. L’objectif premier de celle-ci était d’aboutir l’étude des nombreux vestiges mis au jour en 2020, notamment en partie centrale du site (secteur 8), où plus d’une soixantaine de structures en creux avaient été identifiées. Cette nouvelle opération a permis des avancées notables dans la compréhension des secteurs étudiés (secteurs 8 et 9) et, au-delà, des fonctions de l’établissement fortifié de hauteur.

À la découverte de ce bâtiment pourraient faire écho certaines structures en creux mises au jour en secteur 8, en particulier un aménagement excavé associant vraisemblablement deux bassins mitoyens participant peut-être d’un dispositif de pressoir, mais cette hypothèse de travail est encore fragile et elle méritera d’être éprouvée lors de la poursuite des investigations. D’autres bâtiments à vocation artisanale ont été étudiés en secteur 9, tout comme la cour du complexe bâti, où une aire de travail de la chaux a été mise au jour.

L’objectif de cette campagne était d’agrandir vers l’ouest la fenêtre de fouille ouverte lors des précédentes missions à l’extrémité orientale de l’établissement fortifié de hauteur (secteur 9), mais aussi d’ouvrir une autre emprise au centre du site (secteur 8), partant d’un petit sondage réalisé en 2013 (fig. 1 et 2).

Pour l’Antiquité tardive, en particulier le Ve s., la découverte du bâtiment constitué des pièces 32 et 37 offre un nouvel exemple d’un vaste espace de service, faisant écho aux espaces 23 et 27, bâtis en appui contre la portion orientale de l’enceinte (secteur 9). La pièce 37, excavée, faisait probablement office de cellier, dont l’accès se faisait, semble-t-il, par l’intermédiaire d’une rampe en pente douce et relativement large.

Fig. 1 – Plan de masse des vestiges du site de La Couronne

DAO : J. Ducreux, D. Martinez (Aramea).

Fig. 3 – Plan des vestiges du secteur 9

DAO : C. Besse, A Gagne, D. Martinez (Aramea).

Toujours pour l’Antiquité tardive, la campagne de 2021 a permis de souligner une nouvelle fois le très bon état de conservation des vestiges maçonnés, tout en réaffirmant la complexité de la lecture stratigraphique, avec la mise au jour de contextes souvent perturbés par des creusements postérieurs, sinon par les racines des arbres, du moins en surface. Ce biais entrave la lecture des horizons stratigraphiques postérieurs aux phases 1 et 2, notamment pour la phase 3 (VIe-début du VIIe s.), pour laquelle on peine encore à saisir la trajectoire d’occupation des bâtiments.

Fig. 2 – Vue oblique de l’espace 37, depuis le nord-ouest

Cliché : A. Chen

Les deux phases les plus récentes, datées respectivement de l’époque carolingienne et du XIe s., sont celles qui ont probablement bénéficié des avancées les plus significatives au cours de la campagne de 2021. En effet, la fouille presque exhaustive des structures en creux du secteur 8 permet aujourd’hui de proposer l’existence de plusieurs bâtiments, illustrant l’architecture désormais prédominante sur le site : l’architecture en bois, sur poteaux plantés. Si la restitution de plans partiels de bâtiments qui est proposée reste hypothétique, de premières pistes sérieuses se dégagent.

En outre, des recoupements entre structures permettent d’établir une chronologie relative entre certains édifices et ainsi d’y voir un peu plus clair au sein de cette « forêt » de trous de poteaux. L’un des bâtiments carolingiens, du moins construit au plus tard à la fin du Xe s., est certainement à mettre en relation avec les vestiges bâti de cette période identifié à la racine de l’éperon (secteur 9). De leur côté, les édifices sur poteaux du XIe s. complètent notre vision du site pour cette période, durant laquelle ils côtoient la motte mise en place au-dessus des structures carolingiennes qui viennent d’être évoquées ainsi que la chapelle assise sur les ruines du chœur de la basilique paléochrétienne.

Les résultats, plus que prometteurs de cette deuxième campagne du programme triennal, invitent à compléter l’étude du site, lors d’une troisième année, par le biais de l’extension des investigations en secteur 8 comme en secteur 9.

Par : Damien Martinez