La Couronne - Campagne de 2016
La campagne de fouille conduite en 2016 sur le site de La Couronne correspond à la deuxième année d’un programme triennal. Celui-ci vise à explorer simultanément deux fronts : une vaste zone située entre l’église et la portion nord du mur d’enceinte d’une part (secteur 7), l’extrémité orientale de l’établissement fortifié (secteur 9) d’autre part (fig. 1).
Cette nouvelle mission a permis de confirmer le potentiel archéologique du secteur 9, en mettant en évidence la présence de vestiges relativement bien conservés (fig. 2).
La première phase d’aménagement reconnue dans cette zone (fin du IVe-début du Ve siècle) est caractérisée par le mur d’enceinte et par la structure de chauffe – probable forge – encastrée dans le parement interne de celui-ci (découverts en 2013). Les fouilles de 2016 conduites au pied de la muraille, sur une superficie d’environ 450 m2, ont permis la découverte de sols en terre limités par des tranchées étroites. Ces vestiges permettent de restituer des systèmes de sablières basses portant des élévations faites de matériaux périssables (terre et bois). On ignore en l’état des recherches si celles-ci constituent les limites de petites unités d’habitation distinctes ou si elles correspondent aux cloisons d’un vaste bâtiment.
La deuxième étape d’aménagement de ce secteur de la forteresse (Ve siècle) est marquée par de profonds changements qui voient la construction d’au moins deux grands espaces bâtis.
La fonction de ces bâtiments (ou de ces pièces d’un même bâtiment) méritera d’être précisée à l’avenir. Cependant, en l’état actuel des recherches, une vocation domestique semble devoir être privilégiée. En effet l’un des espaces, par ses caractéristiques architecturales et par l’absence d’aménagement interne significatif, peut être envisagé comme une pièce de séjour (petite pièce de réception ? chambre ?). Dans l’autre pièce, la présence de structures de chauffe interprétables comme des fours culinaires invite à y situer des cuisines. Des denrées alimentaires étaient probablement stockées à l’étage, ainsi que le suggèrent les nombreux restes d’ossements d’animaux contenus dans la démolition de l’espace.
Cette zone est le théâtre d’un incendie violent conduisant à la destruction des bâtiments à la fin du VIe ou au début du VIIe siècle. Cet épisode est attesté par la présence de vastes niveaux constitués essentiellement de charbons de bois (fragments de planches, poteaux, lambourdes) et surmontés par une épaisse couche de démolition (moellons et mortier de chaux sur plus d’un mètre d’épaisseur).
Aucun indice d’occupation d’époque carolingienne n’a été mis en évidence. C’est, semble-t-il, au cours du XIe siècle que cette zone est réinvestie. En effet, un imposant bâtiment en bois, dont l’existence est pour l’instant suggérée par trois vastes trous de poteaux, est construit, peut-être en appui contre les vestiges de la muraille tardo-antique. Celui-ci est ensuite « emmotté » grâce à l’apport d’un épais remblai constitué d’éclats de rocher. Ces aménagements invitent à restituer la présence, à la racine de l’éperon, d’une petite motte castrale. Ils traduisent le retour d’une occupation sur le site après un hiatus de quelques siècles. En outre, cette séquence chronologique s’accorde en tout point avec celle définie dans l’autre extrémité de l’éperon, dans le secteur de l’église ; celle-ci, rappelons-le, fait l’objet de remaniements peu après l’an mil (le chœur de l’ancienne basilique est en partie reconstruit et transformé en une petite chapelle).
La poursuite des investigations en secteur 7 (au nord de l’église) a permis, de leur côté, de confirmer la présence d’un vaste édifice dans l’angle nord-ouest de la forteresse à la fin du IVe ou au début du Ve siècle (fig. 3).
Celui-ci est constitué d’au moins trois grandes pièces rectangulaires (orientées nord-sud) de dimensions à peu près équivalentes et dotées de sols en mortier de chaux. Son plan et sa localisation, à l’entrée de la forteresse, invitent à y voir un vaste entrepôt. Malheureusement ce bâtiment, tout comme les couches d’occupation qui lui sont associées, a été passablement détruit par une vaste excavation postérieure (cf. infra) ainsi que par les racines des arbres.
Le plan de l’édifice semble peu évoluer au cours de l’époque mérovingienne. Pour cette période, le seul aménagement notable correspond à une petite structure circulaire excavée, dont le comblement contenait des plaques d’argile rubéfiées (voire vitrifiées), de nombreux charbons de bois et des scories de verre issus de la destruction d’un probable four de verrier.
Enfin, les investigations entreprises en secteur 7 se sont en grande partie concentrées sur la vaste excavation mise au jour en 2015 (de forme pseudo-circulaire et de plus de 8 m de diamètre). Elles n’ont pas permis d’apporter de données supplémentaires, sinon de préciser les contours exacts du creusement. Celui-ci s’insère dans les niveaux de destruction de la forteresse et, par conséquent, est postérieur au début du VIIe siècle. Son comblement semble homogène, du moins sur les trois premiers mètres.
La fouille de cette structure a été interrompue pour des questions de sécurité et la poursuite de son étude reste suspendue, pour l’instant, à la mise en œuvre de solutions techniques adéquates. Sa fonction reste toujours une énigme, même s’il convient probablement de l’envisager comme une grande citerne. Les matériaux issus des travaux de creusement (du rocher concassé) ont probablement été mis à profit ailleurs sur le site.
Fig. 1 - Vue sommitale des vestiges de l'éperon
Cliché : A. Chen
Fig. 2 - Vue sommitale des vestiges de l'extrémité orientale de l'éperon
Cliché : A. Chen
Fig. 3 - Vue sommitale des vestiges de l'extrémité occidentale de l'éperon
Cliché : A. Chen
Par : Damien Martinez
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