La prospection thématique engagée cette année dans le Parc des Sources à Vichy s’inscrit dans le cadre d’une thèse d’archéologie en cours à l’Université Clermont Auvergne : Vichy-Aquæ Calidæ, une agglomération gallo-romaine en territoire arverne (Auteur : L. Augustin ; dir. F. Trément). Ces recherches ont pour principal objectif de caractériser l’agglomération et d’envisager son organisation et ses activités, ainsi que leur évolution au cours de l’Antiquité.

Vichy, Aquæ Calidæ (« les eaux chaudes »), est représentée par une vignette figurant une station thermale sur la carte de Peutinger [Fig.1] et les vertus curatives de ses eaux minérales chaudes étaient visiblement connues dès l’Antiquité. La reprise critique de la documentation archéologique a permis d’identifier deux captages de sources supposés antiques [Fig.2]. À la source de l’Hôpital (34°), au sud, le captage est un puits maçonné surmonté d’une margelle octogonale. À la source Chomel (44°), au nord, le captage est constitué d’un coffrage octogonal en pans de bois. Ces deux puits sont entourés d’un massif en béton. Malgré ces données, la dimension thermale reste encore relativement méconnue et le Parc des Sources, situé entre les deux captages, au cœur de la ville romaine, n’a jamais fait l’objet d’observations archéologiques extensives.

Illustration : L. Augustin

Dans ce contexte, l’opération de prospection thématique en cours vise à acquérir des données nouvelles sur un secteur primordial de la ville antique, contribuant ainsi à la connaissance de l’agglomération et à la compréhension des modalités de captage et d’exploitation des sources thermales.

Analyse des bétons romains situés à proximité des captages

L’étude des bétons est réalisée en partenariat avec l’Ecole de l’Observatoire de Physique du Globe de Clermont et le Laboratoire Magmas et Volcans (UCA). Cinq échantillons de béton ont été prélevés au niveau des captages. Avant toute autre intervention, des tests d’ancienneté par thermoluminescence ont été effectués sur des fragments de tuileaux afin de confirmer l’origine romaine des bétons. Les échantillons sont ensuite observés à la loupe binoculaire, au microscope optique et au microscope électronique à balayage, de façon à étudier les phénomènes de prise de la matrice cimentaire, mais aussi la forme, la minéralogie, la granulométrie et l’origine des granulats [Fig.3]. Cela permettra de caractériser ces bétons et d’identifier les procédés techniques mis en œuvre. Les résultats seront enfin mis en série et comparés avec d’autres échantillons prélevés à Vichy (Garage-Palace, INRAP), Cusset (Place Victor-Hugo, SAPDA) et Clermont-Ferrand (Hôtel-Dieu, EVEHA)

Illustration : L. Augustin

Levé topographique simplifié du Parc des Sources et relevé archéologique des structures environnant les sources

Les captages étant seulement accessibles par des galeries souterraines, la topographie est particulièrement compliquée, ce qui explique sans doute l’absence de plan correct et détaillé. La margelle du captage de la source de l’Hôpital [Fig.4] et la structure en béton située à proximité de la source Chomel seront documentés en ayant recours au Scan 3D. Par ailleurs, un levé topographique simplifié du site du Parc des Sources, incluant une cartographie des galeries techniques souterraines, sera effectué en vue de l’interprétation des résultats géophysiques.

Cliché : L. Augustin

Campagne d’investigations géophysiques dans l’emprise du Parc des Sources

Cet espace est stratégique puisqu’il est situé au cœur de la ville romaine et qu’il est non-bâti, au moins depuis 1752. La prospection géophysique a pour objectif de repérer d’éventuelles anomalies pouvant correspondre à des structures thermales et, dans ce cas, de mieux saisir l’insertion des captages dans un ensemble attendu d’aménagements liés à l’exploitation des sources. L’acquisition et le traitement des données sont réalisées en partenariat avec l’Ecole de l’Observatoire de Physique du Globe de Clermont et le Laboratoire Magmas et Volcans. Effectuées selon les méthodes électriques, électromagnétiques et géoradar, les investigations ont été menées selon une double approche : prospections extensives dans l’ensemble du Parc des Sources et prospections plus ciblées à proximité des captages antiques [Fig.5]. Les données recueillies sont actuellement en cours d’analyse.

Cliché : L. Augustin

Notice réalisée par L. Augustin