Le programme pluriannuel 2015-2019 a permis d’appréhender l’organisation de l’extrémité orientale de l’établissement fortifié et d’enrichir les données collectées en 2011 et 2012 au nord de l’église paléochrétienne (fig. 1 et 2). Parmi les avancées les plus notables, il a permis de revoir la scansion chronologique définie antérieurement, avec notamment la mise en évidence d’un vaste édifice carolingien (IXe siècle), invitant désormais à repenser la question du ou des hiatus dans l’occupation du site à l’issue de la période mérovingienne.

Illustration : D. Martinez
Illustration : C. Chabert

Au cours des Ve-VIIe siècles, le pôle oriental est constitué à première vue de deux ensembles distincts, du moins fonctionnellement.

Le premier, en appui contre le mur d’enceinte, semble davantage orienté vers une vocation artisanale et/ou de service (fig. 3). En effet, lors de la première phase, le ou les bâtiments sur poteaux semblent concrètement dévolus à des activités de production du métal, répondant aux besoins quotidiens des occupants de l’établissement de hauteur. Dans un second temps, la construction d’un vaste édifice (au moins 170 m2) partitionné en deux pièces de grand volume (85 m2) marque semble-t-il un changement dans l’utilisation de cette zone. On pressent dès lors une vocation d’ordre utilitaire et collectif. De tels volumes se prêtent naturellement au stockage de denrées alimentaires et de matériel. C’est le cas notamment d’une des deux pièces, où l’on peut s’interroger, en particulier à l’aune des données livrées par l’étude des ossements de faune, sur une pratique de stockage, peut-être à l’étage, qui serait complémentaire d’une activité de préparation de la viande et de poissons au rez-de-chaussée. En effet, les traces de découpe primaire et secondaire sont nombreuses et la présence de fours et de foyers peut constituer un indice relatif à l’existence de cuisines, ou tout du moins d’une activité de transformation de la viande.

Cliché : D. Martinez

Les traces de consommation de viande sont également abondantes, si bien qu’il est possible d’envisager un espace de restauration dans la seconde pièce. L’étude des restes osseux a par ailleurs pu démontrer la recherche, du moins au cours du Ve siècle, de plats de qualité et d’un approvisionnement en grandes quantités, soulevant ainsi l’hypothèse d’une consommation collective.

Cette dimension collective est également suggérée par l’étude des mobiliers céramiques et en verre, d’une part au vu de la quantité d’individus mis au jour, d’autre part au regard de la juxtaposition de vaisselles utilitaires, pour la cuisine, et de productions fines vouées au service de table.

Le second pôle, en appui contre la portion nord du mur d’enceinte, est constitué d’espaces de dimensions plus réduites (une vingtaine de mètre carrés), dotés chacun d’installations de confort, en particulier de structures de chauffage. Au vu de son plan et de sa configuration, il est tentant d’interpréter cet édifice comme un ensemble résidentiel, sans présager de la fonction exacte de ses deux pièces, qui pourraient correspondre indifféremment à des petites salles de réception/restauration ou à des chambres, entendues comme de petits appartements. Cette dernière hypothèse est d’ailleurs probablement la plus séduisante, compte tenu de « l’isolement » de ces espaces (les salles de réception et les salons occupent généralement une place centrale dans l’organisation des complexes résidentiels et distribuent sur plusieurs espaces).

L’image offerte à l’issue de ce programme pluriannuel, par la confrontation de ces deux ensembles, permet de développer l’hypothèse d’espaces d’accueil au cours des Ve-VIe siècles et d’envisager l’une des fonctions possibles de l’établissement fortifié de hauteur.

Au-delà, ces travaux ont affiné concrètement sa chronologie, depuis sa fondation au Ve siècle, un premier abandon à la fin du VIe ou au début du VIIe siècle, jusqu’au retour d’une occupation (élitaire ?) au IXe siècle sous la forme d’une possible aula à la racine de l’éperon, à laquelle succède peu après l’an mil une motte castrale.