La troisième année du programme triennal 2015-2018 (report de l’année 2017) a permis de compléter significativement les données collectées auparavant dans l’extrémité orientale de la forteresse tardo-antique et mérovingienne (fig. 1 et 2).

fig. 1
fig. 2

La première phase (fin du IVe-début du Ve siècle) est caractérisée par la construction de l’enceinte, dont la portion orientale (3,30 m de largeur) barrant la racine de l’éperon est dotée en partie médiane d’une niche abritant un four. Plusieurs autres structures d’appoint (cendrier, foyers, etc.) complètent le dispositif de combustion. En l’état des recherches, plusieurs éléments (scories de métal, coulures de plomb) plaident pour une fonction artisanale orientée vers la métallurgie. Cependant, la présence de nombreux ossements de faune dans les niveaux charbonneux associés signale une pluralité de fonctions, ou tout du moins une utilisation opportuniste du four pour la cuisson d’aliments.

Contre le mur d’enceinte se développent dans un premier temps un ou plusieurs bâtiments sur poteaux caractérisés par la présence de plots en pierre. Il s’agit d’un (ou plusieurs) édifices couverts, dotés de sols en terre, dont la compréhension reste suspendue à la poursuite du programme de fouille dans cette zone.

Contre la portion nord du rempart prennent place deux pièces de séjour quadrangulaires d’une vingtaine de mètres carrés. Celles-ci sont dotées chacune d’un foyer-cheminée aménagé contre le petit coté de la pièce (au sud). Elles disposent d’un sol en mortier de chaux et leurs murs sont revêtus d’un enduit épais, peut-être peint à l’origine.

La deuxième phase d’occupation (Ve siècle-début du VIe siècle) est marquée par la construction de bâtiments maçonnés. Deux vastes édifices de plus de 80 m² sont construits contre l’enceinte. Le four enchâssé dans celle-ci est alors détruit. Ces espaces sont partitionnés en plusieurs travées par des poteaux reposant également – comme lors du premier état – sur des socles en pierre. Les deux bâtiments sont dotés de sols en mortier de chaux. L’un d’eux, le plus au nord, abritent plusieurs fours à vocation culinaire.

De nombreux rejets de consommation carnée ont été mis au jour dans les niveaux d’occupation associés à cet espace. C’est d’ailleurs dans le niveau de démolition de celui-ci qu’une importante quantité d’ossements d’animaux (animaux jeunes et/ou issus d’une activité cynégétique) a été découverte, indiquant d’une part une consommation de viande raffinée et, d’autre part, un stockage de celle-ci au sein du bâtiment (probablement à l’étage).

Les deux pièces accolées contre le segment nord de l’enceinte subissent également quelques transformations, affectant essentiellement leur sol et leurs enduits. L’une d’elles est d’ailleurs dotée à cet instant d’un enduit hydraulique, traduisant peut-être sa transformation en une pièce d’eau, ou tout du moins la présence d’une structure liée à l’eau dans son angle sud-est.

L’ensemble de ces observations suggère ainsi, pour ce deuxième état d’occupation, que ce secteur de la forteresse revêt des fonctions collectives et résidentielles. C’est d’ailleurs à cette période que la grande église est construite dans l’autre extrémité de l’établissement de hauteur.

La troisième phase d’occupation (VIe siècle-début du VIIe siècle) est marquée par des transformations architecturales affectant principalement le complexe bâti contre l’enceinte nord.

Celui-ci est dorénavant doté d’une galerie de façade. Ailleurs, dans les espaces édifiés contre le front de rempart oriental, les modifications attribuables à cette phase concernent essentiellement des rehaussements de sols de circulation ainsi que quelques réfections des pièces.

Les bâtiments sont détruits à la fin du VIe ou au début du VIIe siècle, ce qu’attestent les épais niveaux d’incendie et de destruction observés sur l’intégralité de la zone étudiée.

La quatrième phase d’occupation (VIIIe-XIe siècle ?) a mis en lumière la présence d’un vaste édifice construit dans les démolitions mérovingiennes. Il s’agit ici d’une avancée nouvelle et inédite dans la compréhension de l’évolution générale du site. En effet, elle permet de repenser les hypothèses d’évolution de l’établissement de hauteur qui, jusqu’à présent, considéraient l’abandon quasi-total de l’éperon après les destructions de la fin du VIe ou du début du VIIe siècle, du moins jusqu’au retour d’une occupation significative autour de l’an mil.

Les vestiges de cette phase trahissent donc peut-être une occupation intermédiaire entre la période mérovingienne et le XIe siècle.

La cinquième phase d’occupation (Xe-XIe siècle ?) est essentiellement représentée par la mise en place d’un tertre au-dessus des démolitions mérovingiennes. L’édifice de la quatrième phase est à cet instant détruit, ou tout du moins une partie de celui-ci comme l’atteste la tranchée de récupération affectant l’une de ses principales maçonneries. Le tertre en question était à première vue bloqué par les vestiges de la muraille tardo-antique. Observé jusque sur 2,5 m d’épaisseur, son profil a fait l’objet d’un relevé topographique en 2015 préalablement à la réalisation du décapage mécanisé.

La fouille manuelle du tiers inférieur de ce remblai n’a livré qu’un seul tesson de cruche à bec polylobé, se rapprochant de productions des Xe-XIe siècles. En revanche, on notera la découverte, dans cet horizon stratigraphique, de plusieurs ossements (ou fragments d’ossements) humains ainsi que d’un fragment de cuve de sarcophage en grès, signalant probablement un transport de matériaux depuis l’autre extrémité du site, où se concentraient logiquement les zones funéraires (en connexion avec l’église).