Le projet de fouille triennale envisagé pour 2015-2017 s’est fixé pour objectif d’étudier la majeure partie, sinon l’intégralité des secteurs de fouille accessibles. Dans cette perspective, il a été convenu de prolonger l’étude engagée entre 2010 et 2013 en conduisant les investigations simultanément sur deux fronts, en s’appuyant sur les deux zones — les extrémités occidentale et orientale — déjà étudiées.

À l’issue de la campagne de 2015, les phases les plus récentes commencent à être mieux connues, constituant en cela l’avancée majeure de cette campagne. Il apparaît notamment à présent que le site n’est pas totalement délaissé au VIIe siècle. La forteresse périclite à cet instant mais il semblerait qu’un pouvoir subsiste sur l’éperon, ou tout au moins réinvestit le site à la fin de la période carolingienne (la question de la continuité ou de la rupture entre l’occupation mérovingienne et celle de la fin de la période carolingienne doit encore être approfondie). L’église est alors encore utilisée – ce qui avait été démontré dès les premières campagnes de fouilles – et une petite motte semble être construite dans l’extrémité orientale du site, utilisant la muraille tardo-antique comme soutènement à l’est et au nord. À l’ouest du site, la fouille de la voie mise au jour en 2012 a pu être poursuivie en direction de l’ouest, permettant la collecte d’un mobilier abondant. La découverte d’une vaste structure excavée (plus de 8 m de largeur !), à pans coupés et dotée d’au moins un gradin, a en grande partie focalisé les efforts entrepris en 2015 dans ce secteur. La fonction et le plan complet de cet aménagement, à première vue postérieur à la période mérovingienne, demeurent pour l’instant incertains.

Dans l’extrémité orientale de l’établissement fortifié, les investigations de 2015 ont mis en évidence la présence, au moins pour le Ve-VIe siècle, de vastes espaces pour certains dotés de sol en mortier de chaux. Les horizons antérieurs, liés notamment à la petite structure de combustion enchâssée dans le rempart, n’ont quant à eux pas été approchés pour le moment.

Enfin, la découverte de matrices destinées à la confection d’objets de parure dans un niveau de la voie complète l’image de cet établissement qui, manifestement, abritait un artisanat de bijoutier au cours de la période mérovingienne. L’étude de ces objets n’en est qu’à ses prémices et de nouvelles analyses, notamment technologiques, devraient permettre de mieux comprendre le savoir-faire des artisans bijoutiers ayant œuvré sur le site. Au-delà, ces découvertes soulèvent des interrogations plus générales sur la question de l’approvisionnement de la Gaule mérovingienne en objets de parure, à l’heure où les débats entre importation quasi-exclusive depuis le cœur du royaume franc et artisanat de proximité (voire artisanat itinérant) sont intenses. A l’échelle du site, la question d’une production exclusivement destinée aux occupants de la forteresse ou, au contraire, vouée à être exportée, mérite également d’être posée.